Mieux vivre grâce au bois

Japon : cèdre antistress

Il apparaît aussi que si le bois a bonne réputation et qu’il est humainement très bien accepté, c’est notamment pour son odeur et ses molécules capables de se volatiliser et d’être inhalées. Alors que certains composés organiques volatils (COV) ont souvent été désignés et décriés ces 20 dernières années comme source de pollution dans nos intérieurs, il se révèle que les émanations de phytoncides (nom donné à certains composés organiques volatils, émis dans l’air par les arbres et les plantes, potentiellement bénéfiques) peuvent avoir des effets positifs sur notre santé. « Une étude réalisée au Japon avec le cèdre Hinoki a démontré que dun tel panneau de bois émanaient des molécules antalgiques, bonnes pour éviter le stress et qui diminuent la fatigue des personnes qui les inhalent. D’autres études réalisées encore au pays du Soleil-Levant ont constaté sur les personnes qui pratiquent la Shinrin-Yoku (bains de forêt) une diminution de l’hormone du stress et une amélioration du système immunitaire », explique la biologiste Florence Aviat.

Autriche : hêtre et sapin pour mieux dormir

La biologiste continue et explique les effets du bois tels que mesurés, durant douze mois, par un institut de recherche autrichien ayant analysé l’environnement immédiat de deux classes d’une trentaine d’élèves chacune. « La première était aménagée avec notamment des plafonds en sapin, des cloisons en épicéa et du mobilier en hêtre tandis que la deuxième était agencée de mur blanc, de bureaux en aggloméré ou stratifié et d’un sol en PVC. Les soixante élèves ont été suivis nuit et jour de manière bimensuelle. Les élèves de la première classe profitaient d’une meilleure récupération, d’un meilleur sommeil ; leur concentration et leur productivité s’en voyaient ainsi augmentées », détaille Florence Aviat. Suite à ces premiers résultats scientifiques, il reste maintenant à identifier les essences d’arbres émettrices de composés favorables à notre santé. « L’épicéa utilisé pour confectionner vos lits Elite est reconnu déjà pour ses propriétés antibactériennes en agroalimentaire », glisse la biologiste.

Le bois dévoreur de bactéries

Le bois dévoreur de bactéries « Mais il n’y a pas que les COV dans la vie ! », s’exclame Claire Leloy. « Ce qui est extraordinaire avec le bois, c’est aussi son métabolisme : il est ainsi capable de dévorer, littéralement, des bactéries très résistantes, là où les autres matériaux, même lavés, même désinfectés, ont du mal à s’en débarrasser ! ». Car un arbre est constitué de fibres et de pores qui, au contact de l’humidité, vont se gorger d’eau et la relarguer en séchant. Grâce à ce mouvement qui ne cesse pas de se renouveler, le bois capture des bactéries présentes à sa surface, les emmène en profondeur et les priverait ainsi des nutriments et de l’oxygène indispensables à leur survie ; ce mécanisme continue de se produire une fois l’arbre coupé. « Le bois est toujours actif finalement, même quand il est usiné : c’est l’une de ses grandes qualités » ajoute la biologiste Florence Aviat.

Le bois allié des hôpitaux

À quoi s’ajoutent les propriétés de molécules antibactériennes présentes dans certaines essences et qui sont déjà utilisées dans l’industrie agroalimentaire. Le bois est donc capable d’inhiber ou de tuer la croissance de certains microorganismes comme ceux de maladies nosocomiales (infections contractées lors d’un séjour à l’hôpital et qui sont la hantise des professionnels). « Dans le cadre d’un projet de recherche que je mène avec le Centre Hospitalier Universitaire d’Angers, conjointement avec l’École Supérieure du bois de Nantes, nous avons récemment démontré qu’avec certaines essences de bois, il est possible d’inhiber la croissance de ces bactéries plus fortement qu’avec les antibiotiques eux-mêmes », s’enthousiasme Florence Aviat. « Nous cherchons actuellement à comprendre comment ces propriétés antimicrobiennes du bois se maintiennent sur du long terme ».

Objectiver et prouver des effets bénéfiques

« Nous avons tous une sorte de relation archaïque avec le bois. Il nous réchauffe et nous protège depuis la nuit des temps. Nous le trouvons beau, bon ; être à son contact fait du bien. C’est devenu tellement récurrent comme discours qu’il fallait réussir à l’objectiver », explique Claire Leloy. Certaines études (au Japon et en France avec le FCBA) ont pu mesurer et prouver scientifiquement que nos corps se sentent mieux à son contact. Ses propriétés thermiques, tout à fait différentes d’un plastique ou d’un métal par exemple, ont un effet directement ressenti par le corps. Le son émis dans un environnement boisé aussi. « Les effets visuels et les sensations d’espaces ont aussi été inventoriés et mesurés », détaille Claire Leloy. Construire avec du bois permet ainsi souvent de proposer à l’occupant des volumes plus grands et plus ouverts sur l’extérieur, plus favorables au confort et au bien-être. Soit autant de pistes prometteuses pour l’habitat de demain.