Crucial chez le petit enfant pour assurer son développement physique, psychique, émotionnel et cognitif, avec notamment la mise en place des connexions neuronales, le besoin de sommeil décroît et le sommeil tend à se fragiliser avec l’âge. Tour d’horizon des changements.
1. Qualité et confort de sommeil
Chaque nuit, notre sommeil s’organise suivant une succession de cycles. Chez l’adulte, ils sont au nombre de 4 à 6 et durent de 90 à 110 minutes. Ces cycles comportent différents stades :
- Endormissement, durée entre 5 et 10 minutes
- Sommeil lent très léger, durée 10 minutes
- Sommeil lent léger, durée 20 minutes
- Sommeil lent profond, durée 30 minutes
- Sommeil lent très profond, durée 40 minutes
- Sommeil paradoxal, de 10 à 15 minutes.
Au fil de la nuit, la proportion de sommeil paradoxal augmente, tandis que le sommeil lent profond diminue.
2. Des différences considérables dans nos besoins de sommeil selon les catégories d’âge.
- Jusqu’à 6 mois, le nouveau-né dort entre 14 et 17 heures, la durée des cycles est de 50 à 60 minutes, en 4 périodes de sommeil /24h réparties sur toute la journée.
- De 6 à 12 mois, le bébé dort de 13 à 14 heures en 3 périodes/24h avec des cycles de 70 minutes.
- De 1 à 3 ans, la durée de sommeil du petit enfant diminue progressivement pour se situer autour des 12-13 heures et ses cycles s’allongent, soit de 90 à 120 minutes.
- De 5 à 13 ans, l’enfant dort de 10 à 11 heures.
- L’adolescent, entre 14 à 17 ans, dort de 8 à 10 heures, avec une diminution du sommeil profond, autant sur le plan quantitatif que qualitatif.
- L’adulte dort de 7 à 9 heures.
- La personne dès 65 ans, dort de 6 à 8 heures.
3. Les principales modifications du sommeil au fil de l’âge
Ce qui change ? La durée et la qualité de sommeil. Le sommeil devient globalement moins réparateur dû aux évolutions suivantes :
- un temps d’endormissement prolongé;
- une fragmentation accrue du sommeil avec notamment des réveils nocturnes plus fréquents et plus longs;
- une diminution du sommeil lent profond : alors que chez un enfant de 10 ans le sommeil lent profond représente 30%, chez un adulte il diminue à 20% et il est quasiment inexistant chez les personnes de 80 ans;
- une diminution du sommeil paradoxal;
- le temps de sommeil total diminue.
De plus, cette période s’associe souvent à un changement progressif vers le chronotype matinal. Au final, c’est toute l’architecture du sommeil qui se modifie. « Dès l’âge de 40 ans, l’efficience du sommeil décroît de 3% chaque dix ans, et continue jusqu’à un âge avancé » . Le sommeil devient plus léger et moins réparateur. La sensibilité aux bruits environnants et à l’inconfort, souvent exacerbée par des douleurs articulaires ou musculaires, augmente, favorisant les réveils nocturnes.

4. Pourquoi de telles différences ?
Francesca Siclari, médecin associée au Centre d’investigation et de recherche sur le sommeil du CHUV, met en évidence le lien étroit entre la maturation du cerveau et le sommeil. Un enfant bénéficie d’une plasticité cérébrale extraordinaire, ce qui lui permet d’apprendre vite et de s’adapter facilement. « Avec le temps, notre cerveau devient de plus en plus spécialisé », expliquant la diminution du besoin de dormir.
Cette diminution de la plasticité et des capacités d’adaptation de l’organisme entraîne une désynchronisation de l’horloge biologique, caractérisée notamment par une heure du coucher anticipée et une heure de réveil précoce.
Un second mécanisme se modifie avec l’âge : la régulation homéostatique, qui gère notre besoin de sommeil au cours de la journée en fonction de notre temps de veille. À mesure que la durée de l’éveil s’allonge, le besoin de dormir augmente. Cependant, avec le vieillissement, cette pression de sommeil tend à diminuer, se traduisant par un sommeil devenant plus léger.
Médicaments et maladies
D’autres facteurs interfèrent avec la qualité du sommeil, comme la prise de médicaments ou l’apparition de troubles du sommeil comme les apnées du sommeil (fermetures de la gorge qui occasionnent des réveils).
La sieste
Nous avons tous un besoin fixe de sommeil. Une sieste diminuera d’autant le besoin de sommeil durant la nuit, comme un système de vase communicant.
5. Détérioration de la qualité de sommeil avec l’âge et ressenti ne sont pas forcément liés. Décryptage.
L’étude HypnoLaus a révélé une discordance entre la perception subjective du sommeil et la réalité. Lorsqu’on interroge les individus le matin sur la qualité de leur sommeil et sur leur propension à s’endormir en journée, les personnes de plus de 60 ans évaluent positivement la qualité de leur sommeil, une appréciation qui s’améliore encore chez celles âgées de 70 ans et plus. Avec une diminution à s’endormir durant la journée (somnolence), surtout chez les femmes, sans qu’on puisse l’expliquer.
Conseils pour choyer notre sommeil tout au long de la vie
Les changements dans le sommeil font partie intégrante du processus naturel du vieillissement. En être conscient est rassurant, non seulement pour comprendre ces évolutions, mais surtout pour prendre des mesures préventives.
Bien que de nombreux mystères entourent le sommeil, ce phénomène incroyablement complexe joue un rôle essentiel sur notre santé physique et psychique. Alors autant en prendre soin. Comment ? En stimulant notre horloge biologique grâce à une exposition régulière à la lumière du jour, voire en profitant des bienfaits de la luminothérapie. De plus, l’activité physique régulière joue un rôle significatif . La durée des siestes aussi ne devrait pas excéder une vingtaine de minutes pour ne pas interférer avec les heures de sommeil nocturnes.
Enfin, une literie adaptée à sa morphologie et à ses besoins, garantissant confort, thermorégulation et soutien du dos contribue à prolonger la période de sommeil profond et à réduire les micro-éveils indésirables.
Sources
- Dresse Véronique Negrel, décembre 2023
- Raphaël, S., et al. Sommeil et valeurs normales : utilité pour le praticien, Rev Med Suisse, Vol. -9, no. 040, 2005, pp. 2607–2616.
- Heinzer, R., et al. HypnoLaus : le sommeil sous la loupe, Rev Med Suisse, Vol. -3, no. 315, 2011, pp. 2137–2141.
- D. Davenne, Activité physique et sommeil chez les seniors, Médecine du Sommeil, Volume 12, Issue 4, 2015, Pages 181-189, ISSN 1769-4493.



